mardi 6 juin 2017

Une solution simple pour l'entreprise, des conséquences positives pour les cadres

par Caroline Sauvajol-Rialland

Conciliation entre vie privée et vie professionnelle, déconnexion et gestion de la messagerie électronique : retour sur l’expérience conduite aux Etats-Unis par un cabinet international de conseil.

En 2010, un cabinet de conseil en management et stratégie d’entreprise présent sur tout le territoire américain et à l’international, le Boston Consulting Group, lançait une expérience. Chaque membre d’une équipe de 6 consultants basée aux Etats-Unis devait être "électroniquement" injoignable à compter de 18 heures. L’expérience prévoyait que les messages soient alors lus par un collègue et qu’en situation d’urgence le contact pouvait être rétabli par téléphone.

4 ans après le lancement de cette expérience, 86 % des consultants du nord-est des Etats-Unis avaient adopté cette alternative mais 50 % des personnes ayant opté pour une déconnexion hebdomadaire ont hâte de venir travailler le matin contre seulement 27 % de ceux qui restent connectés. Par ailleurs, plus de 50 % des participants s’avouent satisfaits du  nouvel équilibre unissant leur vie privée et leur vie professionnelle contre 38 % pour les autres. Mieux, 65 % des déconnectés estiment que leur équipe fait son maximum pour une efficacité meilleure, un sentiment qui n’est partagé que par 42 % de leurs collègues connectés. Enfin, ils sont 58 % à se projeter à long terme au sein de leur entreprise, ce qui n’est pas le cas de 40% des consultants qui n’ont pas suivi l’expérience.

Cette expérience nous permet de faire 4 observations intéressantes :

1 - A l’évidence, concilier de la meilleure façon la vie privée et la vie professionnelle des uns se fait au bénéfice de tous, des consultants tout autant que de l’entreprise. Les cadres sont non seulement plus heureux dans leur vie personnelle mais aussi davantage productifs au travail ! En outre, ils apparaissent plus motivés et engagés à long terme.

2 - Même dans le cas d’une entreprise de grande taille exerçant une activité à l’international et majoritairement composée de cadres - autant de facteurs de risques de surcharge cognitive et communicationnelle -, il est désormais possible de trouver des solutions pour restreindre l’effacement des frontières vie privée / vie professionnelle, rendu souvent inévitable par les technologies, et son corollaire, le fameux "Always on, Anything, Anytime, Anywhere".

3 - Une soirée par semaine ! Cette solution est bien sûr "a minima" car elle implique que les cadres restent connectés les autres soirs. Mais elle garde le mérite d’être simple à mettre en œuvre et donc efficace. Elle s’applique quel que soit le consultant, quel que soit son positionnement hiérarchique, est techniquement facile à déployer - un simple renvoi des messages - et prévoit la possibilité d’une exception en cas d’urgence. Simple is best ?

4 - En lançant cette expérience collective, le Boston Consulting Group a implicitement reconnu que de fait ses consultants travaillaient jour et nuit. Cela a mis un terme à la grande hypocrisie qui proclamait que l’hyperconnexion n’était somme toute qu’une question de personnes et non d’organisation. D’ailleurs, avant que ne débute ce projet, les cadres concernés affirmaient qu’il n’existait "aucun moyen de faire autrement pour eux que de rester connectés jour et nuit et qu’ils ne voyaient pas d’autres solutions que de quitter l’entreprise si cela ne leur convenait pas"... Le tout digital a fait exploser nos principaux, c’est-à-dire les repères spatio-temporels. Il n’y a plus aujourd’hui d’unité de temps ni d’unité de lieu pour le travail. Un an après l’adoption de la loi Travail en France et du nouveau droit à la déconnexion - salué à l’international -, il est maintenant le moment pour les entreprises françaises de prendre le taureau par les cornes ! N’oublions pas que seule une entreprise sur trois a aujourd’hui pris des mesures de régulation...

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